我翻译的法国小说《法兰西兵法》的译本修改第一遍即将完工。在这里先发两段与中国绘画和中国兵法有关的文字:
第一段:是一个曾经在中国生活过的传教士,对小说主人公萨拉尼翁(当时还是中学生)等同学讲述的故事。
中国人有言,欲识武夫,先观其书法;人们这样说。书写的动作便是小型的全身动作,甚至是整个生存的动作。无论范围大小,姿势和精气神是一样的。他赞同这一观点,尽管他已经不记得是在哪里读到的。关于中国,萨拉尼翁几乎一无所知,一些细节,一些传闻,但这就足以让一片遥远的中国疆域树立在他的想象中了,稍稍模糊,却又很在场。它为他提供了哈哈大笑的胖菩萨,奇形怪状的假山石,不太漂亮的蓝色花瓶,还有那些装饰在被叫做中国墨的墨盒上的龙,而这墨,英国人翻译错了,把它说成来自印度。他对中国的趣味首先来自它:一个词,只是墨盒上的一个词。他是如此地喜欢黑色的墨,觉得它简直就能建立起整整一个国家。有时候,梦想者和无知者对现实的本质有着很深刻的直觉。
萨拉尼翁对中国的了解,基本上来自于一个老先生在一个小时的哲学课上的话语。他记得,他当时讲得很慢,还不断地重复,热衷于长久地讲一些概况,这钝化了听众的注意力。
佛布东神甫曾经邀请过一个年老的耶稣会教士来班上讲课,此人在中国生活过。他躲过了义和团暴动,他见证了颐和园的被劫,他经历了军阀混战期间的民不聊生。他曾很喜欢中华帝国,即便帝国早已崩溃,他也习惯了民国,习惯了国民党,但日本人入侵了。中国又陷入一场彻底的战乱,而且会是很长时期;他的高龄不允许他看到大乱的尽头。他回到了欧洲。
老人走路时驼着背,喘着气,顺手能抓住什么就扶住什么;他花了无比长的时间,才算穿过学生们全体起立的教室,落坐到佛布东神甫从来不用的那把太师椅中。整整一个钟头,两声打钟之间的整整一个钟头,他以一种单调的嗓音倾吐出一些概貌,人们兴许能从报纸上,从战前的那些报纸上,那些正常出版的报纸上读到它们。但是,他还用这同一种气喘吁吁的嗓音,这平淡无奇的嗓音,读了一些奇特的文字,而这些,人们是找不到的,哪里都找不到。
他读了老子的格言,依照这些话,世界应该既非常清晰,非常具体,又非常不可理解;他读了《易经》的片段,其意思显得就跟一把扑克牌那样繁复;他最后还读了孙子关于用兵之法的一篇故事。它显示出,人们可以训练任何人去打仗。它显示出,服从命令是人的一种属性,而不服从命令则是人类学上的一种例外;或是一种差错。
“给我任何一帮无文化的农人,我都能把他们训练成你的卫士,”孙子对皇帝说。“按照兵法的原则,我可以训练任何人,就像在战场上那样。”——“包括我的嫔妃吗?”皇帝问,“这一群叽叽喳喳的娘儿们?”——“照样。”——“我可不相信。”——“给我以全权,我就能把她们训练得跟你最好的士兵一样。”皇帝好奇地答应了,于是孙子训练起了那帮子嫔妃。她们可不听命令,嘻嘻哈哈的,队列也混杂,简直一点都不像样子。皇帝见了也发笑。“对她们,我可一点儿都无所期待,”他说。——“如果说命令未被理解,那是因为它没有下达好,”孙子说。“这就是将军的错,他该下达得更清楚。”
他重新解释,更清楚了,女子们重新开始操练,但依然哄笑如旧;她们一哄而散,用丝绸的袖子遮住脸。“如果这一次命令还是没有听明白,那就是士兵的错了,”他下令砍了那个最开始笑的宠妃的头。皇帝急忙过来劝,但他的谋士断然坚持;他早已全权在手。“假如陛下想看到计划实施,他就得放手让他同意负全责的人一管到底。”皇帝虽心有不愿,无奈一言既出驷马难追,那妃子就被砍了头。一阵巨大的忧伤笼罩在她们练兵的平台上,连鸟儿都噤声不叫了,鲜花也不散发香味了,蝴蝶也停止了飞舞。漂亮的嫔妃们静静地操练起来,就像最优秀的士兵一样。她们队列整齐,动作一致,幸存者之间的那种同甘共苦,恐惧气味所传播的那种生死激励让她们紧密地联系在一起。
但是恐惧只是为了服从而提出的一个借口:更经常的情况是,人们更喜欢服从。人们不惜去做一切,为了呆在一起,为了沉浸在恐怖的气味中,为了啜饮那一份激励,它慰藉孤独的人心,驱逐可怕的不安。
蚂蚁靠气味说话:它们有战争的气味,逃亡的气味,吸引的气味。它们永远听从气味。而————我们,人,我们有一些精神性和挥发性的汁液,它们会像气味那样起作用,分享它们,正是我们最爱做的。当我们在一起时,团结成一体时,我们可以丝毫不去想任何别的,而只奔跑,屠杀,以一当十,以十当百地搏斗。我们不再像是我们自己;我们就是我们自己。
宫殿的一个平台上,夕阳的斜晖把黄石狮子照耀得发亮,嫔妃们在忧伤的皇帝面前小步操练着。夜幕降临,光线在暗色军服上昏沉下来,随着孙子发出的简短口令,她们继续齐步前进,她们的靴子发出有节奏的踢踏声,她们闪亮的丝绸衣袍迎风飞扬,但已经再没有人想起来欣赏这五彩的颜色了。每个人的肉体都已消失,剩下的只有在司令官口令下整齐划一的动作。
第二段:是小说对所谓的某个中国画师的故事的叙述,反映他所认为的中国画的最高技巧和最高境界:
能证明一切的中国人,肯定有一个有关绘画发明的神话;肯定的,但我不会去探寻。据说有一位书法大师,一天早上上山去;他那挑着担子的仆人随他而行,仆人老是问一些愚蠢的问题,他则一一给予回答。他在一个很舒适的地方安顿下来,在这地方,人们身临其境,会自然地产生一些高贵的思想。他的身后耸立着高山峻岭,他的脚下流淌着奔腾的急流。松木挺拔,立于岩石之上,一枝樱桃迎风报春,朵朵鲜艳的兰花从枝头落下,竹林摇曳不止,竹叶簌簌直响。仆人在大师的身边搭起了一道丝绸屏风,那是在清晨时分,日光尚且还不明朗,清凉的山风中,大师的每一句话都伴随有团团的水汽。他挥毫泼墨,即兴写下诗歌,赞叹清风,赞叹空气的流溢,青草的波动,水的千姿百态。他用笔墨写下的同时,也高声念出,其话语所带来的水汽将消失在他的身后,被围在他身边的丝绸屏风吸收。到晚上,他放下毛笔,站起来。他的仆人收拾好一切,茶壶、打坐用的垫子、写满了诗篇的宣纸,还有他和着松香研磨了很多墨锭的石砚。匆忙中,他步子趔趄,动作大大咧咧,把满是墨汁的石砚打翻,黑墨洒到了屏风的隔板上。珍贵的丝绸饱吸了墨;但在绸面上已经被话语的水汽浸透的地方,墨就洇不进去。惊慌失措的仆人不知如何是好,张大了嘴巴傻瞧着被损的屏风,什么话都不敢说,只等着挨骂。大师过来一看。泼洒到丝绸屏风上的墨道道错落有致,他话语说到的地方,留着细腻的白,而他无语达到的地方,则是点点滴滴的黑。他感受到一种强烈的激动,步履不觉有些踉跄。苦思冥想了整整一个白天的意境竟然就静候在这里,新鲜如初,恰到好处,所保留的形状之好,连精湛的书法都无法达及。于是,他撕碎了他写下的所有诗篇,把碎纸屑扔到激流中。为什么还要写?既然最精致的思想就在那里,天衣无缝地显现给所有人,根本无需去读。他伴着晚霞,神清气爽地回家去,他的仆人惊魂甫定,在他身后挑着担子拖着步子,担子里装着该拿回家的一切。
水墨画倾向于成为气息最终消失前的痕迹,喃喃细语时空气凝滞前的轻盈抖动。我要的是这个:在话语停止之前留住它的运动,在气息即将飘走之时保留它的痕迹。墨是我合适的工具。
以下是这两段的法语原文。有兴趣者可对照着阅读:
1)
On voit l’homme de guerre à sacalligraphie, disent les Chinois ; dit-on. Les gestes de l’écrituresont en petit ceux du corps entier, et même ceux de l’existenceentière. La posture et l’esprit de décision sont les mêmes quellequ’en soit l’échelle. Il partageait cet avis, bien qu’il ne sesouvînt pas où il avait pu le lire. De la Chine Salagnon ne savaitpresque rien, des détails, des rumeurs, mais cela suffisait pourque s’établisse en imagination un territoire chinois, lointain, unpeu flou mais présent. Il l’avait meublé de gros bouddhas quirient, de pierres contournées, de potiches bleues pas très jolies,et de ces dragons qui décorent les flacons d’encre dite de Chine,que la traduction anglaise, mensongère, fait venir d’Inde. Son goûtde la Chine venait d’abord de là : d’un mot, juste un mot sur unflacon d’encre. Il aimait à ce point l’encre noire qu’elle luisemblait pouvoir fonder un pays entier. Les rêveurs et lesignorants ont parfois des intuitions très profondes sur la naturede la réalité.
Ce que savait Salagnon de la Chinetenait pour l’essentiel en les propos d’un vieux monsieur pendantune heure de philoso- phie. Et il avait parlé lentement, sesouvient-il, et il s’était répété, et il s’était complu en longuesgénéralités qui émoussaient l’attention de son public.
Le père Fobourdon avait invité dans saclasse un très vieux jésuite qui avait passé sa vie en Chine. Ilavait échappé à la révolte des Boxers, assisté au sac du Palaisd’Été, survécu à l’insécurité générale des luttes des seigneurs dela guerre. Il avait aimé l’Empire, même épuisé, s’était adapté à laRépublique, accommodé du Kouo-min-tang, mais les Japonais l’avaientchassé. La Chine s’était enfoncée dans un chaos total, quipromettait d’être long ; son grand âge ne lui permettait pas d’enespérer la fin. Il était rentré en Europe.
Le vieil homme marchait courbé ensoufflant fort, il s’appuyait sur tout ce qu’il pouvait atteindre ;il mit un temps infini à traverser la classe devant les élèvesdebout, et s’affala sur la chaise de bureau que le père Fobourdonn’utilisait jamais. Pendant une heure, une heure exactement entredeux cloches, il avait dévidé d’une voix atone des généralités quel’on aurait pu lire dans les journaux, ceux d’avant-guerre, ceuxqui paraissaient normalement. Mais de cette même voix à bout desouffle, de cette voix fade qui ne suggérait rien, il lut aussi destextes étranges que l’on ne trouvait, eux, nulle part.
Il lut des aphorismes de Lao-tseu, parlesquels le monde devenait tout à la fois très clair, très concret,et très incompréhensible ; il lut des fragments du Yi-king dont lesens paraissait aussi multiple que celui d’une poignée de cartes ;il lut enfin un récit de Sun-tsu à propos de l’art de la guerre. Ilmontrait que l’on peut faire manoeuvrer n’importe qui en ordre debataille. Il montrait que l’obéissance à l’ordre militaire est unepropriété de l’humanité, et que de ne pas y obéir est une exceptionanthropologique ; ou une erreur.
« Donnez-moi n’importe quelle bande depaysans incultes, je les ferai manoeuvrer comme votre garde, disaitSun-tsu à l’empereur. En suivant les principes de l’art de laguerre je peux faire manoeuvrer tout le monde, comme à la guerre. —Même mes concubines ? demanda l’empereur, cette volière d’évaporées? — Même. — Je n’en crois rien. — Donnez-moi toute liberté et jeles ferai manoeuvrer comme vos meilleurs soldats. » L’empereuramusé accepta, et Sun-tsu fit manoeuvrer les courtisanes. Ellesobéirent par jeu, elles rirent, elles s’emmêlèrent dans leurs paset rien de bon n’en sortit. L’empereur souriait. « Avec elles, jene m’attendais pas à mieux, dit-il. — Si l’ordre n’est pas compris,c’est qu’il n’a pas été bien donné, dit Sun-tsu. C’est la faute dugénéral, il doit expliquer plus clairement. »
Il expliqua à nouveau, plus clairement,les femmes recommencèrent la manoeuvre et rirent encore ; elles sedispersèrent en dissimulant leur visage derrière leurs manches desoie. « Si ensuite l’ordre n’est toujours pas compris, c’est lafaute du soldat », et il demanda que l’on fît décapiter lafavorite, celle d’où partaient les rires. L’empereur protesta, maisson stratège insista respectueusement ; il lui avait accordé touteliberté. Et si Sa Majesté voulait voir réaliser son projet, il luifallait laisser agir comme il l’entendait celui à qui il avaitconfié cette mission. L’empereur acquiesça avec un peu de regretset la jeune femme fut décapitée. Une grande tristesse pesa sur laterrasse où l’on jouait à la guerre, même les oiseaux se turent,les fleurs n’émirent plus de parfum, les papillons cessèrent devoler. Les jolies courtisanes manoeuvrèrent en silence comme lesmeilleurs soldats. Elles restaient ensemble, bien serrées, liéesentre elles par la complicité des survivantes, par cette excitationque transmet l’odeur de la peur.
Mais la peur n’est qu’un prétexte quel’on se donne pour obéir : le plus souvent on préfère obéir. Onferait tout pour être ensemble, pour baigner dans l’odeur detrouille, pour boire l’excitation qui rassure, qui chassel’horrible inquiétude d’être seul.
Les fourmis parlent par odeurs : ellesont des odeurs de guerre, des odeurs de fuite, des odeursd’attirance. Elles y obéissent toujours. Nous, les gens, nous avonsdes jus psychiques et volatils qui agissent comme des odeurs, etles partager est ce que nous aimons le plus. Quand nous sommesensemble, ainsi unis, nous pouvons sans penser à rien d’autrecourir, massacrer, nous battre à un contre cent. Nous ne nousressemblons plus ; nous sommes au plus près de ce que noussommes.
Sur l’une des terrasses du palais, dansla lumière oblique du soir qui colorait les lions de pierre jaune,les courtisanes manoeuvraient à petits pas devant l’empereurattristé. Le soir tombait, la lumière prenait la teinte sourde destenues militaires, et sur les cris brefs de Sun-tsu ellescontinuaient de marcher à l’unisson, dans le tapotement rythmé deleurs socques, dans l’envol bruissant de leurs tuniques de soieéblouissantes dont plus personne ne songeait à admirer lescouleurs. Le corps de chacune avait disparu, ne restait que lemouvement commandé par les ordres du stratège.
2)
Les Chinois qui justifienttout ont sûrement un mythe d’invention de la peinture; sûrement,mais je ne vais pas me mettre à chercher. Il serait question d’unmaître calligraphe, qui irait un matin dans la montagne; il seraitsuivi de son serviteur qui porte tout, pose des questions idiotes,et recueille les réponses. Il s’installerait en un lieu agréable oùl’on peut atteindre à de nobles pensées. Derrière lui s’élèveraitla montagne, à son pied s’écoulerait un torrent brutal. Des pinss’accrocheraient au roc, un cerisier noterait le printemps, devives orchidées tomberaient des branches, des bambous s’agiteraientdans un frottement de feuilles. Le serviteur aurait installé unparavent de soie autour de son maître, ils seraient au matin, lejour encore indécis, et dans l’air froid chacune des paroles dumaître s’accompagnerait de volutes de buée. Au fil du pinceau ilimproviserait des poèmes à propos du vent, à propos des mouvementsde l’air, des ondulations de l’herbe, des figures variables del’eau. Il les dirait à haute voix au moment de les noter à l’encre,et la buée modulée par ses paroles irait se perdre derrière lui,absorbé par la soie du paravent qui le protège. Au soir il poseraitson pinceau et se lèverait. Son serviteur rangerait tout, lathéière, le coussin de méditation, le papier à écrire couvert depoèmes, la pierre à encre où il aurait broyé les nombreux batonsnoirs à la résine de pin. Dans son empressement d’homme simple, iltrébucherait, renverserait la pierre à encre encore pleine etaspergerait les panneaux du paravent. Le tissu précieux boiraitl’encre, avidement; mais là où la buée des paroles aurait imprégnéla soie, l’encre ne prendrait pas. Le serviteur confus ne sauraitque faire, réprimande. Mais le maître verrait. Les traînées d’encrebrossées sur les panneaux de soie ménageraient des blancs subtilslà où il aurait parlé, entre de grands éclaboussements noirs là oùil s’était tu. Il en ressentirait une émotion si forte qu’il entituberait. Une journée entière de pensées élevées seraient là,intactes, recueillies dans leur exactitude, préservées bien mieuxque la calligraphie ne peut le faire. Alors il déchirerait tous lespoèmes qu’il aurait écrits et jetterait les débris de papier dansle cours du torrent. Pourquoi écrire? puisque la moindre penséeétait là, montrée à tous dans son exactitude, sans qu’il soitbesoin de lire. Il rentrerait avec le soir, apaisé, son serviteur àpeine rassuré trottinant derrière lui en portant tout ce qui devaitêtre porté.
La peinture d’encre tend àêtre la trace avant-dernière du souffle, l’ébranlement léger del’air au moment du murmure, juste avant qu’il ne s’éteigne. Je veuxceci: garder mouvement de la parole avant qu’elle ne s’arrête,conserver trace du souffle au moment où il s’évanouit. L’encre meconvient.